Espace de dialogue scientifique, le séminaire SociaNum permet d’interroger les sociabilités numériques à travers plusieurs objets, plusieurs terrains, que ce soit à travers les pratiques des individus mais aussi à travers les représentations et imaginaires des technologies qui circulent dans les espaces sociaux.
Pour le séminaire du 10 décembre, Irène Bastard (Telecom ParisTech) et Virginie Lethiais (IMT Atlantique) présenteront tour à tour leurs travaux sur Facebook.
Informations pratiques :
Conçu comme un espace de dialogue scientifique, le séminaire SociaNum est prioritairement destiné aux chercheur·es des trois laboratoires qui le portent (CAREF, CREAD, ESO). Les formateurs·rices et chercheur·es appartenant aux institutions de rattachement et souhaitant se joindre au séminaire seront les bienvenu·es.
Pour vous inscrire à la séance, vous pouvez contacter :
- Anne Cordier : anne.cordier@univ-rouen.fr
- Barbara Fontar : barbara.fontar@univ-rennes2.fr
- Mickael Le Mentec : mickael.lementec@u-picardie.fr
Programme de la journée :
9h45 - Accueil autour d’un café
10h15 – Introduction du Séminaire SociaNum Saison 3 (2018-2019) par Anne Cordier, Barbara Fontar et Mickaël Le Mentec
10h30 : Virginie Lethiais, MCF en Économie, LEGO, GIS Marsouin, IMT Atlantique - Brest
Impact des réseaux sociaux sur la sociabilité : Le cas de Facebook
Nombre de chercheurs se sont interrogés depuis au moins une trentaine d’années, sur l’impact de la diffusion des technologies sur la sociabilité des individus. Facebook, en raison de sa popularité et des pratiques qu’il engendre, est un cas d’étude particulièrement intéressant. Pour cette communication, nous utilisons les données issues d’une enquête déclarative menée auprès d’un échantillon représentatif de 2000 internautes français utilisateurs de Facebook, afin de mieux comprendre le lien entre l’utilisation du réseau social et la sociabilité. S’il existe un lien positif entre l’intensité d’utilisation de Facebook et la sociabilité, le réseau social est rarement vu comme un moyen de renforcer cette sociabilité. Plus précisément, nous montrons que Facebook contribue plus à augmenter les liens faibles que les liens forts, et que son influence perçue sur la sociabilité est fortement dépendante du contexte social et générationnel : les classes moins dotées culturellement et financièrement perçoivent en effet un impact plus fort du service en ligne sur leur sociabilité.
12h15-14h00 - Pause déjeuner
14h00 : Irène Bastard, MCF en Sociologie associée à Telecom Paris Tech
Quand le développement du réseau social confirme une place sociale : L’usage de Facebook par les adolescents du milieu populaire
« Faut-il connaître tous ses amis sur Facebook ? ». Cette question abrupte servait à lancer les entretiens collectifs pour une enquête réalisée auprès d’adolescents sur leurs usages du web et des réseaux sociaux pour s’informer. Le terrain se déroulait en 2013, au lycée Pasteur, lycée professionnel et technique de la banlieue parisienne considéré comme un établissement de zone populaire, avec une population majoritairement issue de l’immigration et souvent en échec scolaire. La méthode de recherche déployait un questionnaire individuel remplit en classe en même temps qu’une discussion collective et une dizaine d’entretiens individuels. La réponse à la question sur les amis est très symptomatique de la tension affective propre à l’adolescence : oui pour « ne pas se faire afficher », non « si ça permet de rencontrer des gens comme moi ». L’analyse de cette enquête montre que l’enchevêtrement de relations hétérogènes, de la famille aux « ex », et la publicisation des interactions associées sur le mur conduisent à un équilibre tenu et incite les adolescents à activer les liens forts plus que les rencontres marginales. De même, les contenus partagés sur Facebook s’homogénéisent pour signifier ses liens aux pairs, la curiosité ne pouvant se déployer qu’adosser à une passion. La plate-forme referme donc les possibilités d’explorations et d’expérimentations nécessaires à l’adolescence pour confirmer une place sociale, à travers les affinités et la convergence des goûts.
15h00 – Discussion collective / Mise en perspective de l’ensemble des réflexions (épistémologiques, méthodologiques et empiriques) issues des contributions de la journée
16h00 – Conclusion et café